
Dre Angelique Rondags et ses coauteures de l’Université de Groningen et du Centre médical de Leeuwarden (tous deux aux Pays-Bas) rapportent dans leur publication qu’une spondyloarthrite peut également se manifester en combinaison avec une acné inversa (terme scientifique: hidradénite suppurée, HS). L’appellation acné inversa est répandue, bien qu’il ne s’agisse pas d’une acné à proprement parler. Il s’agit d’une inflammation des glandes sébacées et des gaines externes des racines des poils dans la région des aisselles, de l’aine ou dans la région anale et génitale. Après la guérison, elle laisse souvent de profonds cratères ou forme des fistules vers l’intérieur du corps.
Elle est défigurante et handicapante. En raison des douleurs, des démangeaisons et de l’écoulement de pus malodorant, elle affecte la qualité de vie tant professionnelle que privée. Les données relatives à la fréquence dans la population varient entre 0,05 % et 4 %, mais sont généralement de l’ordre de 1%. Les femmes sont plus souvent touchées que les hommes. Le tabagisme et l’obésité sont des facteurs de risque importants.
Les anti-TNF alpha aident
Les critères de diagnostic d’une acné inversa sont des nodules douloureux typiques, situés en profondeur, apparaissant sous les aisselles, dans la région de l’aine, dans le pli interfessier ou, chez les femmes, dans le pli sous-mammaire, ainsi qu’une apparition chronique ou récurrente. Comme dans le cas de la spondyloarthrite axiale, les médiateurs inflammatoires TNF-alpha ainsi que les interleukines 17 et 23 semblent jouer un rôle dans le mécanisme de la maladie et l’acné inversa répond, comme la spondyloarthrite axiale, à un traitement par anti-TNF alpha. Les chercheuses néerlandaises ont mené une étude afin de déterminer la fréquence de l’acné inversa parmi un grand nombre de patients atteints de spondyloarthrite axiale et de rechercher des facteurs de risque pour cette maladie associée.
Pas de fausse pudeur
Sur les 449 patients atteints de spondyloarthrite axiale ayant répondu au questionnaire envoyé, 50 ont répondu par l’affirmative à la question concernant la présence d’ulcères aux endroits envisagés, et pour 41 d’entre eux, le diagnostic d’hidradénite suppurée ou d’acné inversa a pu être confirmé par des entretiens téléphoniques. La fréquence parmi les patients atteints de spondyloarthrite axiale était donc de 9 %. Les chercheuses ont pu identifier comme facteurs de risque le sexe féminin, des antécédents d’inflammation de l’insertion tendineuse (enthésite) au talon ou d’inflammation d’un doigt ou d’un orteil, ainsi que le tabagisme, l’obésité et une activité élevée de la maladie de la spondyloarthrite axiale. Le tabagisme et l’obésité sont également des facteurs de risque pour la gravité de la maladie. L’HS est donc loin d’être rare chez les patients atteints de spondyloarthrite axiale.
En présence d’une spondyloarthrite axiale, les médecins devraient par conséquent (surtout en présence de facteurs de risque correspondants) demander activement aux patients s’ils présentent des manifestations cutanées susceptibles d’indiquer une HS, et les patients devraient les signaler sans fausse pudeur. De même, lors du diagnostic d’une hidradénite suppurée (comme lors du diagnostic d’une uvéite ou d’un psoriasis), il faudrait penser à la possibilité d’une spondyloarthrite axiale comme maladie sous-jacente.
Rapport adapté aux patients sur la publication «High prevalence of hidradenitis suppurativa symptoms in axial spondyloarthritis patients: A possible new extra-articular manifestation» d’Angelique Rondags, Suzanne Arends, Freke R. Wink, Barbara Horváth et Anneke Spoorenberg, parue dans «Seminars in Arthritis and Rheumatism », volume 48 (2019), p. 611–617. Source: «Morbus-Bechterew-Journal» No 165 (juin 2021).
Cet article a été publié pour la première fois dans la revue «vertical» No 92.